Bruxelles, 22 nov 2016 (SPS) Une cinquantaine de députés européens, opposés à l'importation d'énergie renouvelable en provenance du Sahara occidental et à l'implication de l'Union européenne (UE) dans la réalisation de projets marocains sur ce territoire occupé, ont exhorté la Commission européenne et le Secrétaire général de l'ONU à faire respecter le principe de la souveraineté permanente des peuples sur leurs ressources naturelles quand elles sont sous occupation étrangère.
Dans une lettre, datée du 18 novembre, 52 eurodéputés, représentants presque tous les groupes politiques siégeant au Parlement européen, ont exigé que les Etats membres de l'UE fournissent des informations aux entreprises qui souhaitent investir dans les activités du gouvernement marocain au Sahara occidental en leur expliquant que ces activités sont contraires au droit international.
Ils ont exigé également de l'UE de garantir que les importations énergétiques en provenance du Maroc ne comprennent pas l'énergie produite au Sahara occidental et que ses institutions respectent l'engagement de l'UE de ne pas allouer de fonds pour des centrales d’énergie renouvelable dans le Sahara occidental.
Dans cette lettre adressée au vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, au commissaire européen en charge du Climat et de l’Energie, Miguel Arias Canete, et au Secrétaire-général de l’ONU Ban Ki-moon, les parlementaires européens ont exhorté ce dernier à s’assurer du respect des résolutions des Nations unies concernant l'exploitation des ressources naturelles dans un territoire non autonome.
Conformément à un programme national de développement des énergies renouvelables, le Maroc a installé des centrales solaires et des parcs éoliens au Sahara occidental, un territoire contesté, inscrit sur la liste des territoires non autonomes de l'ONU depuis 1963, ont fait remarquer les eurodéputés dans leur lettre.
Ces derniers craignent que l'énergie produite sur ce territoire soit utilisée pour tirer profit de ressources déjà illégalement exploitées par le Maroc dans le Sahara occidental, intensifiant ainsi le pillage actuel.
"Actuellement, 22 éoliennes fabriquées par la société allemande Siemens fournissent 95% de l'énergie nécessaire à la société nationale marocaine OCP (détenue par le roi du Maroc) pour l'exploitation controversée du phosphate sur le territoire du Sahara occidental occupé par le Maroc", ont-ils regretté.
Selon ces parlementaires, le royaume du Maroc a élaboré un "plan ambitieux" de développement de l'énergie produite à partir de l'éolien et prévoit l'installation de parcs éoliens au Sahara occidental.
"En 2010, le gouvernement marocain a décidé de doubler la production nationale d'énergie éolienne en ajoutant 1000 MW (mégawatts) supplémentaires d'ici à 2020. 40% de cette capacité additionnelle, soit 400 MW, sera installée au Sahara occidental", ont-ils précisé.
Dans un rapport publié au début du mois, l'organisation Western sahara resource watch (WSRW) détaille comment le Maroc projette de construire des centrales à énergie renouvelable au Sahara occidental pour plus de 1000 MW .
L'ONG précise, dans ce rapport, qu'à ce jour, la production d'énergie solaire et éolienne au Sahara occidental, qui est polémique, constitue au plus 7% de la production énergétique totale du Maroc à partir de ces sources. Mais, "d'ici 2020, la part pourrait être augmentée à 26,4%", a-t-elle prévenu.
Autrement dit, en 2020, plus d'un quart de toute la production d'énergie verte du Maroc serait située dans le territoire qu'il maintient sous occupation, a-t-elle ajouté.
Si les projets sont écologiques, WSRW s'inquiète de voir ces projets conforter l'occupation marocaine et nuire sévèrement à la population sahraouie.
"En exportant l'énergie vers l'UE et le Maroc, la puissance occupante tente de légitimer sa revendication indéfendable du territoire", a-t-elle ajouté. (SPS)
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