Londres, 18 mars 2017(SPS) La liberté d’expression au Sahara occidental est muselée par le Maroc qui s’en prend aux journalistes au même titre que les militants des droits de l’homme, a dénoncé l’organisation britannique pour la défense des droits de l’homme au Sahara Occidental, Adala UK.
L’ONG a écrit sur son site web cette semaine, que "le régime marocain persécute et emprisonne des journalistes en raison de leurs opinions politiques, pour les mêmes chefs d’accusations mensongères que ceux dont il accuse les défenseurs des droits de l’Homme."
Les journalistes au Sahara occidental sont particulièrement victimes des violations des droits de l'Homme et souffrent souvent de détention arbitraire et de torture, a relevé l’organisation.
Elle souligne que des rapports qui lui parviennent témoignent d’une augmentation alarmante des restrictions à la liberté d'expression exercées par le Maroc et ses violations des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental.
Adala UK cite l’exemple du journaliste de la ville sahraouie de Smara, Salah Labsir, qui se trouve encore aujourd’hui en prison, après avoir été accusé, à tort, de violence préméditée contre la police et la destruction de biens publics en 2013.
Salah Labsir était entre 2005 et 2013 correspondant de presse. Il a aussi participé à des manifestations pacifiques appelant à l’autodétermination du Sahara Occidental.
Persécuté en raison de ses positions politiques par les forces marocaines qui ont perquisitionné la maison de ses parents, le journaliste s’est réfugié dans les camps de réfugiés sahraouis en 2013.
Deux ans plus tard, il avait décidé de retourner à Smara pour rendre visite à ses parents, pourtant, inquiet et conscient des conséquences de ce voyage. Il avait fait une vidéo de lui, où il avait anticipé sa détention et demandé aux organisations internationales des droits de l’Homme d’intervenir en cas de son arrestation.
Dans la vidéo, postée sur le site web de Adala UK, Labsir a également évoqué la brutalité et les traitements inhumains infligés par les forces de sécurité marocaines, aux militants sahraouis opposés à l’occupation marocaine.
Tel qu’il l’avait pressenti, il fut arrêté à son arrivé à El Ayoun le 6 juin 2015, et emmené dans un lieu inconnu.
En 2016, Labsir a été condamné à 4 ans de prison ferme. Il a fait appel, mais sa peine a été confirmée par la cour d’appel. Son avocat a affirmé que le tribunal ne détient aucune preuve sur les fausses accusations, rapporte Adala UK.
Le journaliste sahraoui est détenu dans la prison d’Ait Melul, décrite par l’ONG britannique, comme la pire des prisons marocaines.
Le 31 mai 2016, il a fait une grève de la faim pour protester, entre autres, contre les conditions de sa détention non conformes aux normes et parce qu’il n’était pas autorisé à recevoir la nourriture que lui envoyait sa famille.
Pour le punir d’avoir fait cette grève, ses geôliers l’ont maintenu à l’isolement.
Se trouvant encore en prison, Salah Labsir a lancé un nouvel appel aux organisations internationales pour condamner le traitement des prisonniers politiques au Maroc, qui a paradoxalement, signé la Convention des Nations Unies contre la torture.
Adala Uk affirme encore que Labsir a été détenu uniquement en raison de ses activités politiques et ses écrits journalistiques soutenant la cause sahraouie et s’opposant aux violations des droits humains au Sahara occidental commises par le Maroc. (SPS)
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