Dakhla, (Camp des réfugiés sahraouis) Plébiscité, mercredi à Dakhla, pour un nouveau mandat à la tête du Front Polisario, lors de son 14ème congrès national, Mohamed Abdelaziz, unique candidat à sa propre succession, a été réinvesti de la confiance de la base militante de ce mouvement de libération avec, cependant, une nouvelle feuille de route et un Front réformé à travers sa dotation de plus de moyens de contrôle.
Le congrès du Front Polisario qui a duré, exceptionnellement, huit jours, dans une conjoncture particulière, marquées par des "conquêtes" diplomatiques, sort, après un long débat renforcé par un Secrétaire général porté par un plébiscite franc et un Secrétariat national, dont les membres ont été élus directement par les congressistes.
Le Front Polisario qui, pour la première fois depuis sa création en 1973, s’est vu obligé de prolonger ses travaux pour trois journées supplémentaires, sort, également, avec l’image d’un mouvement de libération qui, en dépit de son caractère d’organisation de résistance populaire au colonialisme, vient de réussir sa mue en un mouvement démocratique dans son fonctionnement.
Ainsi, les amendements introduits dans le statut général du Front, adoptés samedi dernier par les congressistes, mettent en avant l’attachement de la base militante du Polisario au fonctionnement démocratique de leur mouvement.
Les Sahraouis vont, à partir de ce 14ème congrès national, élire à travers leurs délégués, directement et au suffrage universel, l’ensemble des membres de leur direction politique.
Quarante ans après la proclamation de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD) et quarante deux ans après la création du Front de libération de la Seguia El Hamra et Rio de Oro (Front Polisario), ce congrès, qui est la plus haute instance de l’édifice institutionnel et politique sahraoui, vient de consacrer l’image d’un Front qui consolide ses fondements démocratiques et qui rénove ses modes de fonctionnement.
Même si Mohamed Abdelaziz, membre fondateur du Polisario, jouit d’une confiance franche, il demeure néanmoins qu’il devrait compter avec un Secrétariat national élu à la majorité des 2/3 des congressistes, un fait nouveau mettant l’action de la nouvelle direction politique sous contrôle directe de cette instance de 49 membres.
La reconduction de M. Abdelaziz à la tête du Front conforte, aussi, le leadership du Polisario sur l’ensemble des instances de la République sahraouie proclamée en exil, comme elle exprime, selon de nombreux observateurs présents à ce conclave, l’attachement des Sahraouis à un règlement pacifique de ce conflit, à travers l’application de leur droit à l’autodétermination sous les auspices des Nations-Unies.
Congrès tenu en une période cruciale pour l'avenir de la cause sahraouie
Le congrès, dont les travaux tirent à leur fin suite au plébiscite de Mohamed Abdelaziz, intervient à moment crucial marqué par l’intensification des visites de Christopher Ross, envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU au Sahara occidental, et la visite attendue de Ban ki-Moon dans la région pour inviter le Maroc, entant que force occupante des territoires sahraouis, à des négociations directes et sérieuses, en perspective de parachever le processus de décolonisation initié depuis le cessez-le-feu conclut en 1991.
Le peuple sahraoui, qui vient de réussir l’organisation du congrès national de son mouvement de libération, prouve encore, selon des observateurs, son attachement à la légalité internationale et à une issue de son problème à travers les valeurs qui constituent les fondements même des Nations Unies, à savoir le droit à l’autodétermination des peuples.
Toutefois, les congressistes qui avaient insisté, dans les amendements apportés au statut général du Polisario, sur le contrôle démocratique de l’action du Secrétariat général, ont tracé une feuille de route que leur nouvelle direction politique est appelée à mettre en oeuvre en vue de préparer le peuple sahraoui, qui s’inscrit jusqu’ici dans la voie d’un règlement pacifique et négocié, à toutes les éventualités, y compris la voie militaire non exclue parmi pas moins de 52% de jeunes délégués au congrès de leur Front.
Ainsi, la nouvelle direction politique du Front Polisario est appelée, à la faveur du nouveau programme d’action national à œuvrer au renforcement des capacités de l’Armée de libération du peuple sahraoui, à consolider la sécurité dans les territoires libérés pour parer aux tentatives d’incursions terroristes et lutter contre les fléaux menaçant la région, dont la drogue par laquelle le Maroc inonde déjà cette région du continent.
Le renforcement de l’"Intifadha" des Sahraouis des territoires occupés est, également, inscrite dans cette nouvelle feuille de route, pour mettre l’occupant marocain devant sa responsabilité en matière de respect des droits de l’Homme.
L’importance accordée aux Sahraouis de l’intérieur apparait, aussi, dans le quota (16 membres sur 49) que le nouveau statut général leur réserve au sein du Secrétariat national.
De l'avis des participants et composantes du peuple sahraoui, Mohamed Abdelaziz sort renforcé au terme de ces 14èmes assises, avec un programme d’action privilégiant les négociations pacifiques, mais également par des orientations pour le renforcement de l’Armée, maintenant ainsi la voie militaire comme option qui n’est pas écartée dans le combat pour l'indépendance et le droit à l'autodétermination.
Le renouvellement par les congressistes de leur confiance au président Mohamed Abdelaziz, témoigne de l'estime que lui porte le peuple sahraoui pour son combat et son militantisme pour la libération du Sahara occidental et le droit des Sahraouis à l'autodétermination. (SPS)
020/090/700 231317 DEC 015 SPS