Rome (Italie), 20 septembre 2024 (SPS) – Le tribunal civil de Rome a statué en faveur de Mohamed Dahani, un activiste sahraoui des droits humains, lui accordant la protection internationale en Italie après des années de violations systématiques de ses droits par l'État marocain occupant. Dihani a été victime de détention arbitraire, de disparition forcée et de torture en raison de son activisme en faveur de la liberté et de l'indépendance du peuple sahraoui.
Amnesty International Italie a publié une déclaration à cet égard, dans laquelle Deborah Del Pistoia a déclaré que cette décision « rend enfin justice à un défenseur des droits humains qui a subi de graves conséquences au Maroc pour son activisme pacifique et a été injustement accusé de représenter une menace pour l'Italie ».
Avec ce jugement préliminaire du tribunal italien, la justice italienne a confirmé la réalité du régime marocain en tant qu'État occupant illégal au Sahara occidental, reconnaissant que les autorités marocaines commettent systématiquement des violations des droits humains dans les zones sahraouies sous occupation militaire marocaine.
Dans ce même communiqué de presse d'Amnesty International, Mohamed Dihani a exprimé sa joie face à ce jugement, affirmant qu'il avait « attendu quinze ans » cette reconnaissance et cette protection face à l'occupation marocaine qui le poursuit depuis des années.
Il a souligné l'importance de son cas pour soutenir la liberté du peuple sahraoui et a noté que cette expérience représente pour lui une nouvelle compréhension de la signification de la protection internationale.
Le tribunal italien a annulé une décision du comité régional italien qui avait rejeté la demande de protection internationale de Dihani en mai 2023. Il convient de rappeler que Dihani avait vécu en Italie de 2002 à 2008 avant de la quitter pour rendre visite à sa famille au Sahara occidental occupé, où il a été arrêté par les autorités marocaines.
Le tribunal a précisé que les plaintes de Dihani concernant la torture et la persécution étaient crédibles et documentées par des organisations internationales, détaillant dans son jugement les graves violations qu'il a subies de la part des autorités marocaines occupantes.
Le jugement a confirmé que le Maroc n'est pas un pays sûr pour Dihani, compte tenu du réel danger auquel il fait face s'il y retourne, confirmant ainsi la situation répressive actuelle contre les activistes des droits humains au Sahara occidental.
Le tribunal a fondé sa décision sur des preuves établissant un lien entre les activités de Dihani en faveur des droits humains et les représailles du gouvernement marocain, en tant qu'État occupant, contre lui.
Les avocats Cleo Maria Feoli et Andrea Dini Modigliani ont critiqué la décision du comité régional, affirmant qu'elle reflète de graves violations procédurales et substantielles des droits des défenseurs à la protection internationale lorsqu'il est établi qu'ils sont en danger, comme c'était le cas pour Dihani.
L'origine de l'affaire remonte à 2010, lorsque Dihani a été soumis à une détention arbitraire au centre de détention secret de Tmara et à la prison de Salé au Maroc. Après des années de tentatives, il a réussi à retourner en Italie en 2022 pour demander une protection, ayant vécu là-bas depuis son enfance jusqu'à ce qu'il parte en 2008 pour rendre visite à sa famille, où il a ensuite été empêché de voyager par les autorités d'occupation qui l'ont ensuite arrêté.
Le jugement du tribunal a souligné l'impropriété d'inclure Dihani comme un criminel dangereux ou un terroriste dans la base de données du Système d'information Schengen sur la base d'informations fausses fournies par les agences de sécurité marocaines, qui sont les principales auteurs des violations qu'il a subies. Par conséquent, les autorités européennes n'auraient pas dû s'appuyer sur des informations provenant d'un État occupant.
En conclusion, Amnesty International a appelé les autorités italiennes à favoriser un environnement propice aux défenseurs des droits humains, en avertissant des risques persistants auxquels ils font face en raison de leur travail sous des régimes répressifs. (SPS)
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