New York, 30 avr 2019 (SPS) Le Conseil de sécurité a prorogé mardi le mandat de la mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental de six mois jusqu’au 31 octobre prochain, réitérant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
Par 13 voix pour et deux abstentions (la Russie et l’Afrique du Sud), l’instance suprême des Nations Unies a adopté un projet de résolution appelant les partis au conflit, le Front Polisario et le Maroc, à reprendre les négociations sous les auspices des Nations Unies sans pré-conditions et de bonne foi.
Tel qu’attendu, l’Afrique du Sud et la Russie se sont abstenue de voter le projet de résolution présenté par les Etats-Unis, jugeant le texte déséquilibré.
Prenant la parole à l’issue de l’adoption de la résolution, le représentant de la Russie, a estimé qu’"il n’était pas judicieux de provoquer une polémique artificielle concernant le renouvellement de cette mission ou de préjuger de la direction à donner au processus politique engagé par les Nations Unies".
La délégation russe à l’ONU a jugé "inacceptable" de modifier des paramètres déjà établis pour le règlement du conflit, regrettant que les amendements apportés ces dernières années aux projets de résolutions relatifs à la MINURSO aient eu "une incidence négative sur la démarche du Conseil de sécurité, sensé être neutre sur la question du Sahara Occidental".
"Nous ne pouvons accepter la dilution de paramètres déjà convenus et qui sont définis par les parties au conflit de façon à parvenir à une solution mutuellement acceptable garantissant l’autodétermination au peuple sahraoui", a affirmé le représentant russe.
La Russie a rappelé qu’elle avait rejeté ces amendements en "exprimant sans ambages" son refus d'une résolution qui remet en cause ces paramètres, regrettant que "les arguments qu’elle a présenté cette fois-ci pour rectifier le tir soient ignorés".
Durant les tractations sur la prorogation du mandat de la MINURSO, Moscou a soutenu que le principe de l’autodétermination du peuple sahraoui n’a pas été suffisamment souligné dans le projet de résolution.
Cette notion est mentionnée à deux reprises dans le texte de la résolution mais la délégation russe a suggéré d’ajouter une troisième référence pour mettre en exergue "la solution mutuellement acceptable qui pourvoit à l’autodétermination du peuple sahraoui".
"Remplacer des principes de base relatif à ce processus par des généralités sur la nécessité de trouver des solutions réalistes ou des compromis ne fait que créer des ambigüités et sapent la confiance vis-à-vis du Conseil de sécurité, assombrissant ainsi les perspectives du processus politique", s’est indignée la Russie.
De son côté l’Afrique du Sud, qui a réaffirmé son "appui claire et ferme" à la MINURSO a rappelé que "cette mission a été principalement créée pour faciliter la tenue d’un référendum au Sahara Occidental".
S’exprimant à l’issue de l’adoption, le représentant sud-africain a souligné que de nombreux éléments contenus dans cette résolution "préoccupaient" sa délégation.
En premier lieu, il a relevé que le texte adopté n’était pas "équilibré " et "tend à favoriser une partie au détriment de l’autre ce qui n’est pas propice à un processus politique neutre".
L’Afrique du Sud est également "préoccupée" par l’utilisation de certaines expressions et références tels que "réalisme" et "compromis" dans la résolution.
"L’on ne saisit pas clairement ce qui est entendu par ces expressions car le principe de l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental est bien établi dans de nombreuses résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité", a déploré le représentant.
"Nous ne souhaitons aucunement diluer ce principe par le biais d’un libellé ambiguë et peu clair. Ce conseil doit réaffirmer son attachement et sans réserve au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination", a-t-il exigé.
L’Afrique du Sud a affirmé que "la résolution ne doit pas chercher à influencer de façon indue la direction du processus politique", regrettant que le Conseil de sécurité continue de résister à la demande d’élargir le mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’homme.
La délégation américaine, porte-plume des résolutions sur le Sahara Occidental, qui a pris la parole en premier, s’est félicitée des déclarations d’appui aux efforts entrepris par l’émissaire Horst Kohler en vue de parvenir à une solution politique juste et durable qui permettra l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental ".
Se disant "déçue" par l’abstention de la Russie et de l’Afrique du Sud, la délégation américaine a expliqué que les Etats-Unis ont cherché par "le renouvellement de la MINURSO à centrer l’attention du Conseil sur le processus politique".
"Les opérations de maintien de la paix doivent appuyer les solutions politiques et nous allons continuer à évaluer les performances de la MINURSO à cet égard ", a-t-elle ajouté.
Dans une première réaction après la prorogation du mandat de la MINURSO, le Front Polisario a dit "prendre note" de l'appel lancé par le Conseil de sécurité aux deux parties au conflit pour reprendre les négociations sous les auspices de l’ONU sans pré-conditions et de bonne foi".
Le Font Polisario a regretté que le Conseil de sécurité ait "manqué une occasion importante de donner suite à son engagement de mettre fin au statut quo et d'exiger du Maroc de mettre fin à son occupation illégale du Sahara occidental".
"Echec du Conseil de sécurité à condamner sans équivoque les actions déstabilisatrices du Maroc ne fait qu’encourager la puissance occupante à persister dans son intransigeance et à saper un processus politique déjà fragile", a-t-il mis en garde dans un communiqué relayé à New York. (SPS)
020/090/700