Rabat - Un retentissant scandale a secoué le ministère marocain de la Culture, suite au grand tollé suscité par la décision du Centre cinématographique marocain (CCM) de sanctionner le réalisateur du film "Zanka Contact", un an après sa sortie sans se rendre compte qu'il contenait une chanson de l'artiste et militante sahraouie du droit à l'indépendance du Sahara Occidental, Meriem Ment Hassan.
Cette décision du Centre cinématographique marocain a exacerbé la situation, d'autant plus que "Zanka Contact", qui a bénéficié d'une enveloppe de 4.200.000 dirhams marocains (environ 380.000 euros), a été projeté dans 16 salles de cinéma dans six villes marocaines.
Mieux encore, "Zanka Contact" a décroché, en septembre dernier, le grand Prix du Festival national du film de Tanger.
Le film a été projeté tout au long de l'année, soit durant la période allant du mois de septembre 2021 jusqu'en août 2022, sans que les autorités concernées ne s'aperçoivent qu'il comportait une chanson de l'artiste sahraouie, Meriem Ment Hassan qui revendique la fin de l'occupation marocaine des territoires sahraouis et défend le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance.
La décision du centre, placé sous la tutelle du ministère marocain de la Culture, fait suite à la grande polémique sur les réseaux sociaux, les médias électroniques marocains ayant découvert que "Zanka Contact" contenait une chanson revendiquant l'indépendance du Sahara Occidental.
Le CCM a décidé la suspension des visas d'exploitation culturelle et commerciale du film "Zanka contact" ainsi que la suspension de la carte professionnelle du réalisateur et l'arrêt de la promotion nationale et internationale du film.
Le film a suscité une vive polémique dans le monde culturel et artistique marocain dont les spécialistes ont reproché à la commission de visionnage qui regroupe des représentants du ministère de la culture, "de ne pas avoir passé ce film au crible, avant sa projection au grand public".
La version initiale du scénario ne faisait aucune mention de la chanson à l'origine de la polémique, ont affirmé les responsables du CCM, qui ont accordé à la boite de production un délai de 48 heures pour modifier le montage sur la base du scénario initial, sous peine de procéder au retrait du visa d'exploitation.
Le réalisateur du film, Ismael El Iraki, a déploré dans un communiqué ce qu'il a qualifié d'une "mauvaise interprétation" ayant pris de grandes proportions.
Il s'agit d'un choix purement artistique et musical, a-t-il expliqué, ajoutant qu'il "a simplement choisi de rajouter une voix féminine. Peu importe son opinion politique".
Le destin a décidé autrement pour ce réalisateur, car son choix artistique sert les intérêts du peuple sahraoui, en passant un message fort, celui de son droit à l'autodétermination, à l'indépendance et au recouvrement de ses territoires occupés par le royaume marocain, jusqu'à la dernière parcelle de terre.