Nouakchott, 21 mars 2016 (SPS) Le Maroc est "mal placé" pour faire des reproches au secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a jugé l'avocat, Takioullah Eidda, qui a réagi à l'attitude de Rabat face aux déclarations du chef de l'ONU, lors de sa récente visite dans les camps de réfugiés sahraouis et au territoires sahraouis libérés à Bir Lahlou.
"Le Maroc est mal placé pour faire des reproches à Ban Ki-moon, et les brouhahas dans la rue devant les médias ne changent rien à cette réalité, devenue si incontournable qu'aucun pays au monde, pas un seul, ne lui a reconnu la moindre souveraineté sur ce territoire (Sahara occidental)", a rappelé maître Eidda, dans un article publié sur le site mauritanien d'information, CRIDEM.
Le gouvernement du Maroc a reproché à M. Ban de "s'être départi de sa neutralité, de son objectivité et de son impartialité" lors de sa visite dans la région.
"Ban Ki-moon ne peut et ne doit rester neutre au mépris de la légalité internationale constatée, déclarée et demandée par sa propre organisation et confirmée par la Cour International de Justice (CIJ)", a martelé maître Eidda.
Pour appuyé ses propos, Me Eidda, revient sur la décision de la Cour Européenne qui avait conclu le 10 décembre 2015, que les pays membres de l'Union européenne (UE) "ne peuvent signer des accords avec le Maroc relatifs à des biens produits au Sahara occidental, compte tenu de son occupation illégale de ce territoire".
Dans l'article intitulé "le Maroc est une puissance occupante du Sahara occidental au mépris de la légalité internationale", le juriste présente les principaux arguments juridiques et les résolutions des Nations Unies qui plaident en faveur de la question de décolonisation au Sahara occidental et du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.
Lors de sa dernière visite au Sahara occidental et aux camps des réfugiés sahraouis, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a utilisé le mot "occupation" en ce qui concerne le Sahara occidental et a invité le Maroc à "permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination."
"Il n'en fallait pas plus pour que le Maroc le qualifie à son tour d'ennemi, dont la position est contraire à son devoir de neutralité".
Le juriste a passé également en revue les textes des résolutions de l'ONU, adoptées depuis 1960, notamment la résolution 1514 du 14 décembre 1960 relative au droit des peuples colonisés de disposer d'eux même et la résolution 3458 de 1975, affirmant le droit du peuple sahraoui de décider de son avenir, ainsi que l'avis de la Cour international de justice (CIJ) de 1975, rendu le 16 octobre 1975 refusant au Maroc tout droit sur le territoire du Sahara occidental.
Aussi, il soutient "quelles qu'aient pu être les divergences d'opinion entre les juristes, il ressort de la pratique étatique que les territoires habités par des tribus où des peuples ayant une organisation sociale et politique n'était pas considéré comme un territoire "sans maître". Le point sur lequel avait été saisie la CIJ.
"La cour n'a donc pas constaté l'existence de liens juridiques de nature à modifier l'application de la résolution 1514 quant à la décolonisation du Sahara occidental et en particulier l'application du principe d'autodétermination grâce à l'expression libre et authentique de la volonté des populations du territoire", a-t-il ajouté.
L'avis du Conseil juridique de l'ONU du 12 février 2002, concluant à l'illégalité de l'exploitation par le Maroc des ressources naturelles du Sahara occidental stipule que s'"il faut donc conclure que (...) si des activités de prospection et d'exploitation devaient être entreprises au mépris des intérêts et de la volonté du peuple du Sahara occidental, elles contreviendraient aux principes de droit international applicables aux activités touchant aux ressources minérales des territoires non autonomes."
Conformément aux résolutions de des Nations Unies, le Maroc est pays "occupant" du Sahara occidental, ce qui affirme sans équivoque "le droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination à travers un référendum libre et transparent", a conclu le juriste. (SPS)
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