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L'artiste sahraouie Aziza Brahim dénonce sa déprogrammation à l’Institut du monde arabe

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Paris, 27 avr 2019 (SPS) L'artiste sahraouie Aziza Brahim a dénoncé sa déprogrammation et l'annulation de son concert à l’Institut du monde arabe (IMA) suite à une pression marocaine.
"Ce n’est un secret pour personne. Le concert a été annulé suite à la pression de l’ambassade du Maroc et des mécènes marocains. Je ne comprends pas qu’une institution publique, en France, qui sait à quel point la liberté d’expression n’est pas respectée au Maroc, cède à ce chantage", a déclaré la chanteuse résistante sahraouie dans une interview au journal Le Monde publiée vendredi.
Aziza Brahim était programmée en clôture de la première édition du festival "Les Arabofolies", sous-titrée "Résistances". Selon l'agent en France de l'artiste, Greg Connan, un site marocain d’information a alerté l’ambassade pour contacter le président de l'IMA, Jack Lang, afin qu'il annule le concert.
"La programmatrice m’a informé qu’ils avaient reçu un coup de fil insistant sur le fait qu’Aziza Brahim était une activiste du Front Polisario, ce qui est totalement faux", a expliqué son agent qui a raconté à l'IMA le parcours et les idées de l'artiste sahraouie, précisant que les responsables de la programmation "ont tenté de sauver ce concert, sans résultat".
"En tant qu’artiste et en tant qu’être humain, oui, je suis en résistance", a affirmé Aziza Brahim au journal qui a tenté d'obtenir une explication de l'IMA mais en vain.
L'artiste a expliqué que sa musique, son travail sont "très revendicatifs", soulignant qu'ils "véhiculent des idées de paix et de dialogue".
"Je suis une activiste sociale. Ma revendication sociale est par rapport à mon peuple et à la société dans laquelle je vis en Europe. Tous les mensonges et les inventions des Marocains n’ont rien à voir avec ma trajectoire", a-t-elle ajouté.
Elle a indiqué que son nouvel album est un mélange de blues, de musique traditionnelle et d’électro, qui parlera de son peuple et de sa terre, le Sahara occidental, occupé illégalement par le Maroc depuis plus de 40 ans et sur lequel aucun pays au monde ne lui reconnait une quelconque souveraineté marocaine.
"J’évoque dans ce disque la relève chez les jeunes de cette lutte pour nos droits et les générations successives, dont la mienne, qui n’ont connu cette terre qu’à travers ce que les anciens leur ont raconté", a expliqué Aziza Brahim jointe par téléphone de Barcelone, où elle vit depuis dix ans et finalise le mixage d’un cinquième album dont la parution est prévue à l’automne.
"J’y parle d’exil, des migrants, de tout ce qui me préoccupe dans mon quotidien et ce que j’entends ici depuis l’Europe, l’Espagne, où je vis depuis 2000. Ce qui se passe en Libye par exemple, les gens qui y sont réduits en esclavage", a ajouté cette Sahraouie native des camps de réfugiés de Tindouf, lieu où a germé son envie de musique et d’écrire des chansons.
Elle a expliqué qu'elle ne fait, à travers ses chansons, que "rendre compte" de ce qu'elle voit quand elle va visiter sa famille, "de la lutte qu’ils mènent et du contexte qu’il y a là-bas".(SPS)
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